Les traditions de l’époque ont traversé les années pour faire aujourd’hui du Marais poitevin une véritable personnalité à part entière. C’est une culture et un mode de vie unique qui ont façonné l’histoire et les particularités de cet environnement naturel où quiétude et sérénité sont au rendez-vous.
L’esprit maraîchin : à mi-chemin entre traditions et modernité
L’esprit maraîchin est imprégné d’un profond respect pour la nature et d’une fierté pour la culture et les traditions locales. Les habitants de la région, appelés les Maraîchins, ont une relation étroite avec leur environnement naturel, qui est à la fois leur source de subsistance et leur source d’inspiration. Il faut savoir que les habitants du marais vivaient au gré des saisons puisque l’hiver, le marais inonde, c’est un phénomène qu’on appelle l’évaille.
Le plate (ou la barque), une histoire qui perdure
Pendant de nombreuses années, le seul moyen de transport dans le Marais poitevin était la barque. En effet, les habitants l’utilisaient pour se déplacer dans les canaux étroits du marais, pour pêcher et pour transporter des marchandises. Petit à petit, la construction des chemins et d’ouvrages comme les ponts et passerelles ont mis ce moyen de transport de côté pour privilégier les véhicules terrestres.
Dans le Marais poitevin, on ne parle pas de « bateau » mais plutôt de « plate » ou de « batai » et aujourd’hui de « barque ». La majorité des barques étaient autrefois construites en bois ou en fer. Certaines étaient en ciment mais elles étaient destinées aux transports d’animaux et de matériel lourd. Pour avancer dans ce labyrinthe de verdure, les maraîchins utilisaient une pigouille, une sorte de grand bâton de bois permettant de propulser la barque dans les eaux peu profondes. On peut encore en voir quelques-unes aujourd’hui bien que l’utilisation de rame est privilégiée pour un côté plus pratique.
Les années passèrent et les plates perdirent leur fonction première laissant ainsi place au tourisme dès les années 1920/1930. La construction des bateaux s’est modernisée en utilisant de nouvelles techniques comme l’utilisation de résine. Les coques sont moulées dans cette matière plus solide et persistante dans le temps pour ressembler en tout point aux plates traditionnelles de l’époque. Aujourd’hui, elles sont utilisées pour faire découvrir aux touristes, le temps d’une balade, l’histoire du Marais poitevin, sa faune, sa flore, ses us et coutumes.
L’agriculture, un élément central de la vie maraîchine
Les Maraîchins vivaient beaucoup de l’agriculture autrefois et également du bois avec de nombreuses scieries implantées sur le territoire encore présentes pour certaines aujourd’hui. L’agriculture d’antan était basée sur les cultures maraîchères et l’élevage de bovins. Les maraîchers cultivaient principalement des légumes, tels que des choux, des salades, des carottes, des poireaux et des oignons, qui étaient vendus sur les marchés locaux et plus insolite, à des marchés sur l’eau.
Les éleveurs de bovins élevaient principalement des vaches laitières et des bovins pour la viande. Les agriculteurs devaient vivre au gré des saisons et notamment l’hiver car les prairies étaient touchées par des inondations, phénomène naturel appelé l’évaille. Ces inondations comportaient de nombreux avantages comme une bonne fertilisation des sols grâce aux sédiments riches en nutriments qui venaient s’y déposer.
La transhumance
Plus insolite, la transhumance est également une tradition qui a persisté avec le temps dans le Marais poitevin. Au moment où l’eau reprenait ses droits dans ce paysage naturel, les prairies étaient alors inondées et ne pouvaient plus accueillir les bovins et autres animaux.
Lorsque la saison estivale recommençait, les prairies étant de nouveau praticables, les bêtes pouvaient donc retrouver leurs quartiers ! Commence alors la transhumance. Autrefois, les agriculteurs du marais utilisaient la transhumance pour amener leurs animaux à paître dans des pâturages plus riches en herbe. Aujourd’hui, cette tradition de mise à l’herbe est toujours pratiquée, même si elle est beaucoup plus rare qu’avant.
Les animaux sont transportés sur des barques traditionnelles et traversent le Marais poitevin en toute quiétude. C’est un spectacle saisissant qui rappelle les temps anciens et la façon traditionnelle de vivre dans le Marais poitevin. Ce grand temps fort est un rendez-vous incontournable pour les locaux et touristes.
Un paradis pour les pêcheurs depuis toujours
La pêche est, elle aussi, toujours autant présente au fil des années. Ce fut une activité importante autrefois fournissant une source de nourriture et de revenus pour les habitants du marais. Aujourd’hui, elle est davantage pratiquée comme activité de loisirs.
La Sèvre Niortaise est un fleuve poissonneux dont de nombreuses espèces ont élu domicile. On y retrouve des carpes, perches, gardons, silures, brochets mais aussi la célèbre anguille ! Plusieurs techniques de pêche traditionnelles ont perduré comme la pêche à la vermée ou à la balance, bien qu’elles soient très réglementées.
Zoom sur les villages rues, particularité
Durant votre visite, vous arpenterez certainement des villages appelés « villages rues ». Caractéristiques du Marais poitevin et notamment du marais mouillé, ces villages sont implantés le long des voies d’eau et de l’unique rue du village. Les rues plutôt « terrestres » s’étirent le long des “rues” d’eau. Vous constaterez que les habitations sont davantage tournées vers le côté rue tandis que les dépendances agricoles, plutôt vers la voie d’eau. Ce qui rappelle donc le mode de vie agricole des Maraîchins à l’époque. Vous verrez souvent une passerelle qui permet d’accéder au jardin, la plupart du temps de l’autre côté de la conche ainsi que plusieurs venelles d’accès pour les habitants de l’autre côté de la rue.
Découvrez cette architecture atypique sur la commune de La Garette (Sanais), du Vanneau-Irleau, d’Arçais (La Garenne) et de Saint-Hilaire-la-Palud (La Rivière et Montfaucon).
Lexique du Marais poitevin
L’évaille du Marais poitevin, c’est quoi ?
L’évaille est le mot patois typiquement maraîchin pour évoquer la crue. Ce mot peut s’écrire de diverses façons : évail, évaille, évaie…
L’évaille c’est un phénomène se caractérisant par une montée du niveau de l’eau recouvrant les terres et les chemins, rendant parfois certains accès inaccessibles. Cela transforme les paysages en tableau artistique car seuls les arbres dépassent de l’eau, donnant un effet de miroir nous faisant ainsi perdre la notion de l’endroit et de l’envers. Le spectacle est d’autant plus incroyable lorsque le soleil vient à se coucher et que les couleurs de ce dernier viennent se projeter sur ce lit d’eau.
Contrairement à beaucoup d’inondations, l’évaille n’est pas perçue comme une catastrophe. L’eau reprend juste la place qui était la sienne bien avant que l’Homme n’aménage le Marais poitevin. L’évaille est un phénomène important notamment pour les agriculteurs du marais car cette eau est chargée en sédiments rendant ainsi la terre ultra fertile ce qui est plus que bénéfique pour les cultures !
Une conche
Une conche est large, de 4 à 8 mètres et courte, une centaine de mètres. Elle dessert les parcelles d’un marais.
Une rigole
Une rigole n’a rien de drôle. C’est une voie d’eau rectiligne de plusieurs kilomètres, créée pour accélérer l’écoulement des eaux.
Un canal
Un canal est une voie de navigation creusée récemment pour régulariser le cours de la Sèvre.
Un fossé
Un fossé est étroit, 2 à 3 mètres maximum et très court, moins de 10 mètres. Il délimite les contours d’un champ.
Ecluse
Dans le Marais Poitevin, une écluse est une structure de contrôle de l’eau située le long des canaux, qui permet de réguler le niveau de l’eau et de contrôler le débit du courant. Elle est utilisée pour permettre aux bateaux de naviguer dans les canaux et les voies navigables.
Une plate
Une plate est une barque traditionnelle à fond plat. Sa forme particulière permet de naviguer dans des eaux peu profondes, c’est donc l’idéal dans un lieu comme le Marais poitevin.
Une pigouille
La pigouille est une sorte de rame mais à l’allure d’une grande perche en bois, permettant aux Maraîchins et aujourd’hui aux guides batelier de propulser la barque à travers les eaux du Marais poitevin.