C’est en Charente, Charente-Maritime, Vienne mais surtout dans le département des Deux-Sèvres que, fin du 19ème siècle les usines de transformation de peaux sont nombreuses dû au fait de l’activité qui s’industrialise. Mais c’est surtout à Niort que l’activité se développa faisant ainsi sa renommée et ce, avec la chamoiserie et la ganterie Boinot.
Chamoiserie, tannerie, ganterie, quésaco ?
Le chamoisage est une technique artisanale consistant à fabriquer un cuir très souple et surtout de haute qualité notamment utilisé dans le domaine de la ganterie (fabrication des gants). Le lieu où est pratiqué ce type d’activité spécifique est une chamoiserie.
Autrefois, le cuir était fabriqué à partir de peaux de chamois. Le chamois est une espèce de mammifères de la famille des Bovidés et de la sous-famille des Caprinés. Les peaux étaient traitées avec de l’huile de poisson, ce qui en faisait un produit cher et surtout rare !
Les toutes premières chamoiseries françaises virent le jour à Niort et Poitiers sous le règne de François 1er.
Un nombre conséquent de tanneries artisanales ont existé dans la région à l’époque. Stratégiquement, dans chaque ville ayant un cours d’eau qui la traverse, on pouvait y retrouver un quartier dédié aux tanneries.
La chamoiserie niortaise
À l’époque du Moyen Âge, Niort se spécialise dans la chamoiserie. Son développement important a été permis grâce à la proximité de la Sèvre Niortaise et à ses caractéristiques : la qualité de son eau, un débit suffisant pour entraîner les moulins et bien évidemment, sa navigabilité facilitant ainsi le transport des marchandises comme l’huile de poisson, élément indispensable de la fabrication.
En 1534, Jacques Cartier va découvrir le Canada ce qui favorisera l’activité et la renommée de Niort pour sa chamoiserie. Les peaux et ses accessoires dérivés vont se vendre alors dans toute la France ainsi qu’à l’étranger à partir des ports de La Rochelle et de Nantes. Une baisse des importations canadiennes se fera ressentir à partir de 1689 à cause de l’affrontement franco-anglais.
Fin du 18ème siècle, Thomas Jean Main, industriel niortais, va donner un nouveau souffle plus moderne sur l’activité en instaurant de nouveaux procédés qu’il a pu observer dans d’autres pays comme l’Angleterre.
C’est au 19ème siècle que les chamoiseries niortaises se tournent réellement vers la ganterie. Les années passent et la mécanisation arrive dans les usines dans les années 1860/1870.
La chamoiserie sous la famille Boinot
Dans les années 1900, Théophile Boinot, négociant en laine, acquit 2 entreprises de chamoiserie à Niort. Avec ses 2 fils, Louis et Charles, il développera de manière considérable « Les usines Boinot ». En 1930, le domaine de la ganterie atteignit une production de 210 000 douzaines de gants, ce qui représentait 22% de la fabrication française à l’époque.
Malheureusement, la crise mondiale de 1929 touchera de plein fouet l’industrie qui, à cette époque, exportait 55% de ses produits notamment en Allemagne et en Tchécoslovaquie. Ce qui ne fut plus le cas après ce tragique épisode.
L’industrie a traversé la 2ème guerre mondiale en proposant plusieurs fabrications diverses et variées mais c’est réellement dans les années 1960/1970 que l’activité redémarrera.
Les usines Boinot étaient alors une vraie institution niortaise. Elles employaient 3 000 personnes réparties entre les ateliers de fabrication et ceux à domicile, poste essentiellement occupé par des femmes pour le secteur de la ganterie.
Malheureusement, le temps passait et la production fut touchée par une forte concurrence étrangère, dans un même temps où la société évoluait et se modernisait faisant ainsi de la peau de chamois et notamment des gants, un accessoire d’habillement moins utilisé.
Pour en savoir plus :
Rendez-vous à Port Boinot, au 1er étage du Séchoir pour découvrir l’espace « Épona – Secrets de nos patrimoines ». Vous y découvrirez l’histoire de la Destination Niort – Marais Poitevin dont celle de la chamoiserie niortaise qui représente un épisode marquant dans l’évolution du territoire.